L’être ou pas
2015 | Théâtre Antoine (Paris)
L’être ou pas : de Jean-Claude Grumberg
Mise en scène : Charles Tordjman
Scénographie : Vincent Tordjman
Lumières : Christian Pinaud
Musique : Vicnet
Interprétation : Pierre Arditi et Daniel Russo
Costumes : Cidalia Da Costa
Production : Théâtre Antoine
Chez Vincent Tordjman, la création procède d'un mouvement naturel lié au désir de comprendre les objets et la matière, leur logique constructive, leurs assemblages et combinaisons, leurs articulations mécaniques, leur comportement en lumière et en acoustique - les principes de la naissance des formes. La simplification et l'épure sont au cœur du processus car il s'agit de partager avec l'usager ou le spectateur les sensations de découverte. Même sensations devant l'objet fini que lors de la recherche. Mettre en évidence des possibilités, des effets de la lumière, du son. L'intégrer même si on l'oublie, ne pas affirmer la technique, la technique devient poésie. Son vocabulaire formel se construit dans le recherche de tension et de légèreté, qui invoque souvent l'oblique et son potentiel de finesse. L'économie de matière et de moyens est au centre du dessin. Peu de matière pour plus d'effet.
Son travail de scénographie et de design implique toujours ses résonances et ses composantes plus impalpables comme le son et la lumière, car l'attention est portée non sur la chose elle-même mais sur sa perception et sur sa résonance dans l'imaginaire. Cette attention implique le recours aux technologies si elles vont dans le sens poétique de l'idée du projet. Ainsi aucun a priori ne freine l'exigence dans les projets, ni la cohabitation des matériaux et des techniques pour développer de solutions nouvelles - qu'il s'agisse de son, de lumière, de pilotages électroniques, que les budgets soient conséquents ou qu'ils imposent des bricolages habiles.
Entre le travail de scénographie et de design, il y a une différence d'échelle mais pas de nature. Dans les deux cas, la conception procède du général au détail en restant fidèle à une idée forte de départ. La scène de théâtre ou d'opéra est pour lui un terrain d'expérimentation, qui inscrit les espaces et les objets dans le temps dynamique de la représentation, et implique la construction de séquences. La scène est un territoire mystérieux et ouvert de phénomènes et d'émotions, les objets varient et sont perçus de manière différente par chacun suivant les variations de lumière, de la musique, les dynamiques des acteurs, le sens du texte … simples mais jamais figés, ces architectures imaginaires s'accomplissent par le regard du spectateur qui finit la construction. Des objets dessinés pour les spectacles peuvent devenir par la suite des produits ou engendrer des idées de produits.
Pour en finir avec la question juive. La pièce de Jean-Claude Grumberg, évoque avec beaucoup d'humour les lieux communs nés de l'ignorance. La question centrale du texte est: comment vivre ensemble et se comprendre mieux. A la suite de "Moi je crois pas", du même auteur, créé au théâtre du Rond-Point en 2013, avec en scène Pierre Arditi et Catherine Hiegel. L'action se passe dans la cage d'escalier d'un immeuble, peut-être le même immeuble que dans "Moi je crois pas", où un vieux couple s'aimait et se déchirait devant sa télévision. Comme dans Moi je crois pas, la scénographie et le design sonore créés par Vincent Tordjman estompent les caractérisations de l'espace pour respecter l'horizon universel du texte, au-delà des particularismes et du quotidien. Ainsi la scénographie, blanche comme une page sur lequel s'impriment les variations des lumières signées Christian Pinaud, et ici en ayant recours à la la haute qualité de leds de la marque australienne KKDC, n'a pas à choisir entre un loft luxueux ou un HLM, l'espace peut évoquer les deux en même temps, en restant abstrait et se centrant sur les phénomènes lumineux, sonores. Dans le texte de Jean-Claude Grumberg, pauvres et riches sont à la même enseigne, à la merci de la même ignorance, la même bêtise. Ainsi l'espace est conçu par une approche qui place les effets impalpables, les résonances et les phénomènes et perceptions imprévues au cœur du processus.
“Une comédie de Jean-Claude Grumberg qui écorne avec humour de nombreux préjugés.
Neuf saynètes truculentes entre deux voisins qui se croisent dans l’escalier.”
Théâtre Antoine
“Un décor sobre, d’inspiration quasi-Bauhaus, un escalier sur le mode Tour de Babel contemporaine, et deux voisins qui ne se connaissent pas.”
Jew Pop
“‘L'être ou pas’, Pierre Arditi et Daniel Russo s'interrogent avec humour sur l'identité juive.”
France Tv Info
“À l'affiche de la pièce L'Être ou pas, qui écorne les préjugés sur l'identité juive, Pierre Arditi s'exprime sur l'antisémitisme en France. L'acteur revient par ailleurs sur le procès de Dominique Strauss-Kahn et le rôle «étrange» de la justice.”
Le Figaro
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