Tête de l’homme
2009 | Compagnie des transports
Tête de l’homme : de Florence Pazzottu
Mise en scène : François Rodinson
Scénographie : Vincent Tordjman
Costumes : Cidalia da Costa
Lumières : Christian Pinaud
Son : Jean-Guillaume Legrand
Interprétation : Marion Bottollier
Musicien : Camille Perrin (contrebasse)
Assistanat à la mise en scène : Jean-Thomas Bouillaguet, Emeline Touron
Production : Compagnie des Transports
On donne à voir au spectateur un espace qui semble construit de avec cohérence. Mais lorsque l’on observe avec plus d’attention, on comprend qu’il s’agit d’un collage énigmatique de fragments d’espaces urbains assemblés. La logique de l’assemblage est plutôt celle, complexe et ambiguë, du rêve ou du souvenir que celle de l’architecture rationnelle. On peut lire des dans les volumes quelques citations de l’espace d’un parking : pentes, poteaux, auvents. Dans les couleurs vives, peintures industrielles, on évoque la surface lisse de nos villes en béton. Ce paysage urbain est pour l’actrice un paysage d’errance du corps, de la marche et des mots. Il garde le silence et ne raconte pas tout. Ce silence est celui d’un sombre secret. En effet l’espace refuse de nous dire la violence de l’événement qui a eu lieu. Pourtant il a pu en être le témoin et la supporter avec l’indifférence et le mutisme qu’ont les objets. Mais il reste sans doute encore chargé du mystère insondable de cette violence, de cet oubli de l’humain qui continuera de vibrer en lui.
“À l’origine, c’était la nuit…. Des aèdes en sandales arpentaient la Grèce et narraient la geste des héros et des dieux. Dans cette nuit, un feu brûlait sans doute et la parole se déployait dans les parfums de laurier et de myrte. Et la nuit résonnait de la voix du poète accompagnée de quelque lyre aux cordes en boyau de mouton.
Ainsi cela était. Ainsi cela est toujours. Ainsi, perpétuel retour, le théâtre retrouve les gestes antiques pour raconter la vie et le monde.
Un choc initial : une agression, la nuit, dans le quartier du Panier, à Marseille… Trente-six chandelles, une ombre qui fuit… Florence Pazzottu plonge à sa suite dans une nuit archaïque et écrit, écrit. Son écriture est son flambeau. La surprise effarée du choc, des moments de l’intime, les êtres chers, le cocasse et le dérisoire, l’insupportable ou la douceur des jours, le monde en éclats… Sa torche éclaire des pans de vie dans la caverne de son être profond où elle creuse, où elle cherche.
Elle trouve les mots pour dire une expérience singulière que la poésie transfigure. Le temps d’une femme aujourd’hui rejoint le mythe dans un geste ample aux accents d’éternité.
Dans l’espace, le poème vibre et s’incarne, le rite dessine un territoire de l’imaginaire, devient théâtre.”
Theatre-contemporain.net
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